Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/152

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Non.

Mais il faut même pour la tragédie et la comédie des acteurs différens, et pourtant tout cela est de l’imitation. N’est-ce pas ?

Oui.

Les facultés humaines, Adimante, me semblent encore plus bornées dans leurs diverses applications, de sorte qu’il est impossible à l’homme de bien imiter plusieurs choses, ou de faire sérieusement les choses qu’il reproduit par l’imitation.

Rien n’est plus vrai.

Si nous persistons à dire que les guerriers doivent, abandonnant tous les autres arts, se livrer tout entiers et sans réserve à celui qui défend la liberté de l’État et négliger tout ce qui ne s’y rapporte pas, il ne faut pas qu’ils fassent autre chose ni sérieusement ni par imitation ; ou s’ils imitent quelque chose, il faut que ce soit les qualités qu’il leur convient de posséder dès l’enfance, le courage, la tempérance, la sainteté, la grandeur d’ame et les autres vertus, mais jamais rien de bas et de honteux, de peur qu’ils ne prennent, dans cette imitation, quelque chose de la réalité. N’as-tu pas remarqué que l’imitation, lorsqu’on en contracte l’habitude dès la jeunesse, se change en une seconde nature et modifie en nous la langue, l’extérieur, le ton et le caractère ?