Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/160

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L’ionienne et la lydienne, qu’on appelle harmonies lâches.

Peuvent-elles être de quelque utilité pour des gens de guerre ?

D’aucune utilité ; ainsi il pourrait bien ne te rester que les harmonies dorienne et phrygienne.

Je ne me connais pas en harmonies : mais laisse-nous ce mode qui saurait imiter le ton et les mâles accens de l’homme de cœur qui, jeté dans la mêlée ou dans quelque action violente, et forcé par le sort de s’exposer aux blessures ou à la mort, ou bien tombant dans quelque autre malheur, dans toutes ces situations reçoit de pied ferme et sans plier les assauts de la fortune ennemie : laisse-nous encore un autre mode, qui le représente dans des pratiques pacifiques et toutes volontaires, invoquant les dieux, enseignant, priant ou conseillant ses semblables, ou se montrant lui-même docile aux prières, aux leçons et aux conseils d’autrui, et ainsi n’éprouvant jamais de mécompte, comme ne s’enorgueillissant jamais, toujours sage, modéré et content de ce qui lui arrive. Ces deux modes d’harmonie, l’un énergique, l’autre d’un mouvement tranquille, qui imiteront parfaitement les accens de l’homme courageux et sage, malheureux ou heureux, voilà ce qu’il faut nous laisser.