Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/187

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rendait auparavant inutile ; mais si, au lieu de s’arrêter, il prolonge cette action amollissante, son courage ne tarde pas à se dissoudre et à se fondre, jusqu’à ce qu’il soit entièrement dissipé, et qu’enfin ayant perdu tout ressort, il ne fasse plus qu’un guerrier sans cœur[1].

Je suis tout-à-fait de ton avis.

Voilà ce qui arrive bientôt si cet homme a reçu un naturel sans courage : dans le cas contraire, son courage s’énerve et dégénère en emportement ; la moindre chose l’irrite et l’apaise : au lieu d’être plein de cœur, il sera fougueux, colère, dévoré de mauvaise humeur.

J’en conviens.

Que le même homme, tout entier aux exercices gymniques et au soin de se bien nourrir, néglige la musique et la philosophie ; d’abord le sentiment de ses forces physiques ne le remplit-il pas de courage et de confiance, et ne devient-il pas plus hardi qu’auparavant ?

Oui.

Mais ensuite, s’il se borne à cela, et s’il n’a jamais aucun commerce avec la Muse, son ame, eût-elle quelque disposition à s’instruire, n’essayant d’aucune science ni d’aucune recherche, et ne se formant par aucun discours ni par au-

  1. Homère, Iliade, XVII, 588.