Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/234

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l’ame ? Voilà, mon cher, une question assez fâcheuse.

Pas si fâcheuse, à mon avis : le proverbe a raison, Socrate : le beau est difficile.

Sans doute. Mais sache, Glaucon, que, dans mon opinion, une méthode semblable à celle que nous suivons ne peut nous mener véritablement à notre but ; c’est une autre route et plus longue et plus compliquée qui doit nous y conduire ; toutefois, cette méthode peut nous donner encore une solution qui convienne à notre discussion et à ce que nous avons dit jusqu’ici.

Pourquoi ne pas nous en contenter ? Pour le moment, cette solution me suffirait.

Et moi aussi je ne demande pas mieux que de m’y tenir.

Poursuis donc tes recherches sans te lasser.

N’est-ce pas une nécessité pour nous de convenir que le caractère et les mœurs d’un État sont dans chacun des individus qui le composent ? Car évidemment c’est de l’individu qu’ils ont passé dans l’État. En effet, il serait ridicule de prétendre que cette énergie passionnée qu’on attribue à certains peuples, comme les Thraces, les Scythes et en général les habitans du nord, ou ce goût de l’instruction qu’on peut croire naturel aux habitans de ce pays, ou cette avidité de gain qui caractérise les Phéniciens et les Égyp-