Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/239

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plutôt n’est-il pas vrai que s’il se joint à la soif de la chaleur ou du froid, cela ajoute au désir de boire, celui de boire froid ou chaud : que si la soif est grande, on veut boire beaucoup ; si elle est petite, on veut boire peu ; tandis que la soif prise en soi est simplement le désir de la chose qu’il est dans sa nature de désirer, c’est-à-dire le désir de boire, comme la faim est simplement le désir de manger ?

Oui. Chaque désir se porte naturellement vers son objet pris en lui-même : ce qui vient s’y joindre fait qu’il se porte vers telle ou telle modification de son objet.

Évitons d’être surpris et troublés par l’objection suivante : personne ne désire simplement la boisson, mais une bonne boisson ; ni le manger, mais un bon manger ; tous en effet désirent les bonnes choses. Si donc la soif est un désir, c’est le désir de quelque chose de bon, quel que soit son objet, soit la boisson, soit autre chose. Il en est de même des autres désirs.

Cette objection, si elle nous était faite, aurait peut-être quelque force.

Observe toutefois que les choses qui de leur nature sont relatives, se rapportent, par tel ou tel caractère particulier à tel ou tel objet particulier dont elles dépendent, et par leur caractère propre ne se rapportent qu’à elles-mêmes.