Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/296

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tout ce que possèdent les autres citoyens, ne possédaient rien eux-mêmes ? Nous répondîmes, je crois, que nous examinerions la vérité de ce reproche, si l’occasion s’en présentait ; que notre but, pour le moment, était de former de vrais gardiens, de rendre l’État tout entier le plus heureux qu’il nous serait possible, et non de travailler exclusivement au bonheur de l’un des ordres qui le composent.

Je m’en souviens.

Te semble-t-il à présent que la condition du cordonnier, du laboureur ou de tout autre artisan, puisse entrer en comparaison avec celle des guerriers qui vient de nous apparaître plus belle et meilleure que celle des vainqueurs olympiques ?

Non.

Au reste, il est à propos de répéter ici ce que je disais alors : si le guerrier cherche un bonheur qui lui ôte le caractère de gardien de l’État ; si, mécontent d’une condition modeste mais sûre et, comme nous l’avons montré, pleine d’avantages, une opinion folle et puérile sur le bonheur le pousse à s’emparer violemment de tout dans l’État, il connaîtra combien Hésiode a montré de véritable sagesse, en disant que la moitié est plus que le tout[1].

  1. Hésiode, Les œuvres et les jours, v. 40.