Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/42

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Je l’ai bien vu ; mais tu n’y gagneras rien. J’apercevrai toutes tes ruses, et tes ruses éventées, tu n’espères pas l’emporter sur moi dans la dispute.

Je ne veux te tendre aucun piége ; mais pour que rien de semblable ne puisse avoir lieu, dis-moi si cette expression, celui qui gouverne, le plus fort, dont l’intérêt, disais-tu, est pour le plus faible la règle du juste, tu la prends comme le vulgaire, ou dans son sens rigoureux.

Dans le sens le plus rigoureux. Mets en œuvre à présent tes artifices et tes calomnies, et fais voir ce que tu peux ; je ne m’y oppose pas, mais en vérité tu perdras ta peine.

Me crois-tu assez insensé pour essayer de tondre un lion[1] et calomnier Thrasymaque ?

Tu l’as essayé, et sans y parvenir.

Trève à ces propos, et réponds-moi : le médecin, en le définissant avec rigueur comme tu disais, a-t-il pour objet de gagner de l’argent ou de guérir les malades ?

De guérir les malades.

Et le pilote, j’entends le vrai pilote, est-il matelot ou chef de matelots ?

Il est leur chef.

  1. Proverbe pour dire : Entreprendre quelque chose au dessus de ses forces. Voyez le Scholiaste et Apostolius, IX, 32.