Je le pense.
N’appelles-tu pas cela un état intermédiaire entre les deux autres, dans lequel l’ame se trouve à l’égard de l’un et de l’autre dans une sorte de repos ?
Oui.
Te rappelles-tu les discours que tiennent les malades dans les accès de leur mal ?
Quels discours ?
Qu’il n’est rien de plus agréable que la santé ; mais qu’ils n’en connaissaient pas tout le prix avant d’être malades.
Je m’en souviens.
N’entends-tu pas dire à ceux qui éprouvent quelque violente douleur, qu’il n’est rien de plus doux que de ne plus sentir de douleur ?
Cela est vrai.
Et tu conçois, je pense, beaucoup d’autres circonstances semblables où les hommes qui souffrent regardent comme le plus grand bonheur, non le plaisir lui-même, mais la cessation de la douleur et le sentiment du repos.
C’est qu’alors peut-être le repos devient doux et aimable.
Par la même raison, la cessation du plaisir doit être une douleur pour celui qui éprouvait auparavant du plaisir.
Peut-être.