Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/685

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plices qu’ils ont à subir. Vois si tu veux m’accorder cela.

Très volontiers ; car tu ne dis rien que de raisonnable.

Tels sont donc les prix, le salaire, les récompenses que le juste reçoit pendant la vie de la part des hommes et des dieux, outre les biens qu’il trouve dans la pratique même de la justice.

Ce sont de belles et solides récompenses.

Mais tous ces résultats ne sont rien ni pour le nombre ni pour la grandeur, en comparaison des biens et des maux réservés dans l’autre vie à la vertu et au vice. C’est ce qu’il nous faut entendre, afin que le juste et le méchant remportent l’un et l’autre de cet entretien tout ce qu’il leur appartient d’y trouver.

Fais-nous ce récit ; il est bien peu de choses que je sois aussi curieux d’entendre.

Ce n’est point le récit d’Alcinoüs que je vais vous rapporter, mais celui d’un homme de cœur[1],

  1. Le récit d’Ulysse à Alcinoüs (Odyssée, liv. IX, X, XI, XII), où, parmi beaucoup de fictions étranges, se rencontre un tableau de la condition des ames après la mort, était décrié et devenu proverbe, comme une fable mensongère. L’épithète d’homme de cœur est opposée au nom d’Alcinoüs, à cause du caractère indolent, frivole et crédule que le poème d’Homère avait fait attribuer aux Phéaciens. Il y a en grec entre cette épithète et le nom d’Alcinoüs une ressemblance de son, qui fait jeu de mots, et ne peut être rendue.