Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/96

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Notre parti est pris. Fais ce que tu dis.

Selon moi, ce qui donne naissance à un État, c’est l’impuissance de chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu’il éprouve de mille choses ; ou bien à quelle autre cause un État doit-il son origine[1] ?

À nulle autre.

[369c] Ainsi le besoin d’une chose ayant engagé un homme à se joindre à un homme, et le besoin d’une autre chose, à un autre homme, la multiplicité des besoins a réuni dans une même habitation plusieurs hommes pour s’entr’aider, et nous avons donné à cette association le nom d’État : n’est-ce pas ?

Oui.

Mais on ne fait part à un autre de ce qu’on a pour en recevoir ce qu’on n’a pas qu’en croyant y trouver son avantage.

Oui, certes.

Voyons donc ; jetons par la pensée les fondemens d’un État. Ces fondemens seront nécessairement nos besoins : [369d] or, le premier et le plus grand de tous, n’est-ce pas la nourriture d’où

  1. Voyez la critique très-peu fondée qu’Aristote a faite de ce passage, Politiq. IV, 4, p. 146. Ed. de Schneider, et les justifications faciles qu’en ont donné Patricius, Discussiones peripateticæ, t. III, lib. 8, p. 356, et Morgenstern, de Plat. Repub., p. 165.