Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est bien et de ce qui est mal ; c’est alors que la critique philosophique peut et doit, dans l’intérêt des vérités morales, s’autoriser de l’immédiate obligation qui les caractérise, pour les établir sur leur propre base, indépendamment de toute circonstance étrangère, indépendamment même de leur rapport à leur source primitive, se plaçant ainsi à dessein sur un terrain moins élevé, mais plus sûr, sachant perdre, quelque chose, pour ne pas tout perdre, et sauver au moins la morale du naufrage de la haute philosophie. Tel est le point de vue particulier sous lequel il faut envisager l’Euthyphron. Le devin Euthyphron représente une théologie insensée qui s’arroge le droit de constituer à son gré la morale ; Socrate, la conscience qui réclame son indépendance.

Socrate s’empresse de reconnaître qu’il y a une harmonie essentielle entre la morale et la religion, que tout ce qui est bien plaît