Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/138

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Criton.

Et pourquoi ?

Socrate.

Je vais te le dire. Ne dois‑je pas mourir le lendemain du jour où le vaisseau sera arrivé ?

Criton.

C’est au moins ce que disent ceux de qui cela dépend.[1]

Socrate.

Eh bien ! Je ne crois pas qu’il arrive aujourd’hui, mais demain. Je le conjecture d’un songe que j’ai eu cette nuit, il n’y a qu’un moment ; et, à ce qu’il paraît, tu as bien fait de ne pas m’éveiller.

Criton.

Quel est donc ce songe ?

Socrate.

Il m’a semblé voir une femme belle et majestueuse, ayant des vêtemens blancs, s’avancer vers moi, m’appeler, et me dire : Socrate,

Dans trois jours tu seras arrivé à la fertile Phthie.[2]
Criton.

Voilà un songe étrange, Socrate !

  1. Les onze.
  2. HOMÈRE, Iliade, liv. IX, v. 363.