cet heureux accord de nos âmes, quelques jours ont-ils donc suffi pour le détruire ? Et se pourrait-il, Criton, qu’à notre âge, nos plus sérieux entretiens n’eussent été, à notre insu, que des jeux d’enfans ? Ou plutôt n’est-il pas vrai, comme nous le disions alors, que, soit que la foule en convienne ou non, qu’un sort plus rigoureux ou plus doux nous attende, cependant l’injustice en elle-même est toujours un mal ? Admettons-nous ce principe, ou faut-il le rejeter ?
Nous l’admettons.
C’est donc un devoir absolu de n’être jamais injuste ?
Sans doute.
Si c’est un devoir absolu de n’être jamais injuste, c’est donc aussi un devoir de ne l’être jamais même envers celui qui l’a été à notre égard, quoi qu’en dise le vulgaire ?
C’est bien mon avis.
Mais quoi ! est-il permis de faire du mal à quelqu’un, ou ne l’est-il pas ?