Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/159

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et notre gouvernement. Telle était ta prédilection pour nous, tu consentais si bien à vivre selon nos maximes, que même tu as eu des enfans dans cette ville, témoignage assuré qu’elle te plaisait. Enfin, pendant ton procès, il ne tenait qu’à toi de te condamner à l’exil, et de faire alors, de notre aveu, ce que tu entreprends aujourd’hui malgré nous. Mais tu affectais de voir la mort avec indifférence ; tu disais la préférer à l’exil ; et maintenant, sans égard pour ces belles paroles, sans respect pour nous, pour ces lois, dont tu médites la ruine, tu vas faire ce que ferait le plus vil esclave, en tâchant de t’enfuir, au mépris des conventions et de l’engagement sacré qui te soumet à notre empire. Réponds-nous donc d’abord sur ce point : disons nous la vérité, lorsque nous soutenons que tu t’es engagé, non en paroles, mais en effet, à reconnaître nos décisions ? Cela est‑il vrai, ou non ? » Que répondre, Criton, et comment faire pour ne pas en convenir ?

Criton.

Il le faut bien, Socrate !

Socrate.

« Et que fais‑tu donc, continueraient‑elles, que de violer le traité qui te lie à nous, et de fouler aux pieds tes engagements ? et pourtant