Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/233

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vu et connu auparavant cette autre chose à laquelle il dit que celle-là ressemble, et à laquelle il assure qu’elle ne ressemble qu’imparfaitement ?

Nécessairement.

Cela ne nous arrive-t-il pas aussi à nous sur les choses égales, relativement à l’égalité ?

Assurément, Socrate.

Il faut donc, de toute nécessité, que nous ayons vu cette égalité, même avant le [75a] temps où, en voyant pour la première fois des choses égales, nous avons pensé qu’elles tendent toutes à être égales comme l’égalité même, et qu’elles ne peuvent y parvenir.

Cela est certain.

Mais nous convenons encore que nous n’avons tiré cette pensée, et qu’il est impossible de l’avoir d’ailleurs, que de quelqu’un de nos sens, de la vue, du toucher, ou de quelque autre sens ; et ce que je dis d’un sens, je le dis de tous.

Et avec raison, Socrate, du moins pour l’objet de ce discours.

Il faut donc que ce soit des sens mêmes que nous tirions cette pensée, [75b] que toutes les choses égales qui tombent sous nos sens tendent à cette égalité intelligible, et qu’elles demeurent pourtant au-dessous. N’est-ce pas ?