Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/238

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veux dire le bon, le bien, et toutes les autres essences du même ordre, s’il est vrai que nous y rapportons toutes les impressions des sens, [76e] comme à leur type primitif, que nous trouvons d’abord en nous-mêmes ; et s’il est vrai que c’est à ce type que nous les comparons, il faut nécessairement, dis-je, que, comme toutes ces choses-là existent, notre âme existe aussi, et qu’elle soit avant que nous naissions : et si ces choses-là n’existent point, tout notre raisonnement porte à faux. Cela n’est-il pas constant, et n’est-ce pas une égale nécessité que ces choses existent, et que nos âmes soient avant notre naissance, ou qu’elles ne soient pas et nos âmes non plus ?

Assurément, c’est une égale nécessité, Socrate, et grâce à Dieu, la conséquence de tout ceci [77a] est que l’âme existe avant notre apparition dans ce monde, ainsi que les essences dont tu viens de parler ; car, pour moi, je ne trouve rien de si évident que l’existence du beau et du bien ; et cela m’est suffisamment démontré.

Et Cébès ? dit Socrate ; car il faut que Cébès soit aussi persuadé.

Je pense aussi, dit Simmias, qu’il trouve tes preuves très suffisantes, quoique ce soit bien l’homme le plus rebelle à la conviction. Cependant je le tiens convaincu que notre âme est [77b] avant notre naissance ; mais qu’elle soit après