Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/261

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à toutes les choses de cette nature. Qui t’arrête donc, me dira-t-on ? Puisque tu vois qu’après que l’homme est mort, ce qu’il y a de plus faible en lui subsiste, ne te semble-t-il pas qu’il faut nécessairement [87b] que ce qui est plus durable ait le même avantage ? Vois, je te prie, si ce que j’oppose à cela te paraît avoir quelque force. J’ai besoin, je crois, de me servir aussi d’une comparaison, comme Simmias. Ce qu’on vient de dire est, à mon avis, comme si, en parlant d’un vieux tisserand qui serait mort, on disait : Cet homme n’a point péri, mais il existe peut-être bien quelque part ; et la preuve, c’est que le vêtement qu’il portait, et qu’il avait tissu lui-même, est encore entier et n’a point péri : et si quelqu’un [87c] refusait de se rendre à cette raison, on lui demanderait lequel est le plus durable, en général, de l’homme, ou du vêtement qu’il porte et qui sert à ses besoins ; il faudrait bien répondre que c’est l’homme qui est de beaucoup le plus durable ; et, sur cela, on croirait lui avoir démontré que l’homme existe encore, puisque ce qui était moins durable que lui n’a point péri : mais il n’en va pas ainsi, je crois. Simmias, fais bien attention à ce que je vais dire. Il n’y a personne qui ne sente que raisonner ainsi est une absurdité. En effet ce tisserand, après avoir usé beaucoup d’habits qu’il