Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/325

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que tu saches, mon cher Criton, lui dit-il, que parler improprement ce n’est pas seulement une faute envers les choses, mais c’est aussi un mal que l’on fait aux âmes. Il faut avoir plus de courage, et dire que c’est mon corps que tu enterres ; et enterre-le comme il te plaira, et de la manière qui te paraîtra la plus conforme aux lois.

En disant ces mots, il se leva et passa dans une chambre voisine, pour y prendre le bain ; Criton le suivit, et Socrate nous pria de l’attendre. Nous l’attendîmes donc, tantôt nous entretenant de tout ce qu’il nous avait dit, et l’examinant encore, tantôt parlant de l’horrible malheur qui allait nous arriver ; nous regardant véritablement comme des enfans privés de leur père, et condamnés à passer le reste de notre vie comme des orphelins. Après qu’il fut sorti du bain, on lui apporta ses enfans, car il en avait trois, deux en bas âge[1], et un qui était déjà assez grand[2] ; et on fit entrer les femmes de sa famille[3]. Il leur parla quelque temps en

  1. Sophroniscus et Menexenus.
  2. Lamproclès.
  3. Il ne s’agit ici que de Xantippe et de quelques autres femmes alliées à la famille de Socrate, et nullement de ses deux épouses Xantippe et Mirto (Voyez la note de Heindrof, p. 257).