Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/38

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mis aux fers par le maître de celui qu’il avait tué, y est mort lui-même avant que ton père eût pu recevoir d’Athènes la réponse qu’il attendait : montre-moi qu’en cette rencontre, c’est une action pieuse et juste, qu’un fils accuse son père d’homicide, et qu’il en poursuive la punition ; et tâche, de me prouver, mais d’une manière nette [9b]] et claire, que tous les dieux approuvent l’action de ce fils. Si tu le fais, je ne cesserai, pendant toute ma vie, de célébrer ton habileté.

Euthyphron.

Cela n’est peut-être pas une petite affaire, Socrate ; non que je ne sois en état de te le prouver très clairement.

Socrate.

J’entends : tu me crois la tête plus dure qu’à tes juges ; car, pour eux, tu leur prouveras bien que ton fermier est mort injustement, et que tous les dieux désapprouvent l’action de ton père.

Euthyphron.

Oui, pourvu qu’ils veuillent m’écouter.

Socrate.

[9c]] Oh ! ils ne manqueront pas de t’écouter, pourvu que tu leur fasses de beaux discours. Mais voici une réflexion que je fais pendant que tu me parles ; je me dis en moi-même : Quand Euthyphron me prouverait que [9d] tous les dieux trou-