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parce qu’on la fait ; que ce qui pâtit ne pâtit pas parce qu’il est pâtissant, mais qu’il est pâtissant parce qu’il pâtit. N’est-ce pas ?
EUTHYPHRON.
Qui en doute ?
SOCRATE.
Être aimé n’est-ce pas aussi un fait, ou une manière de pâtir ?
EUTHYPHRON.
Oui.
SOCRATE.
Et n’en est-il pas de ce qui est aimé comme de tout le reste ? ce n’est pas parce qu’il est aimé qu’on l’aime ; mais c’est parce qu’on l’aime qu’il est aimé.
EUTHYPHRON.
Cela est plus clair que le jour.
SOCRATE.
[10d] Que dirons-nous donc du saint, moi cher Euthyphron ? Tous les dieux ne l’aiment-ils pas, selon toi ?
EUTHYPHRON.
Oui, sans doute.
SOCRATE.
Est-ce parce qu’il est saint, ou par quelque autre raison ?
EUTHYPHRON.
Par aucune autre raison, sinon qu’il est saint.