Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/460

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SOCRATE.

Ils sont, en effet, bien ignorans, mon enfant. Mais il en est d’autres plus éclairés, dont je vais te révéler les mystères. Leur principe, d’où dépend tout ce que nous venons d’exposer, est celui-ci : tout est mouvement dans l’univers, et il n’y a rien autre chose. Or, le mouvement est de deux espèces, toutes deux infinies en nombre, mais dont l’une est active et l’autre passive. De leur concours et de leur frottement mutuel se forment des productions innombrables, rangées sous deux classes, l’objet sensible et la sensation, laquelle coïncide toujours avec l’objet sensible, et se fait avec lui. Les sensations ont les noms de vision, d’audition, d’odorat, de froid, de chaud ; et encore, de plaisir, de douleur, de désir, de crainte ; sans parler de bien d’autres, dont une infinité manque d’expression. Chaque objet sensible est contemporain de chacune des sensations correspondantes ; des couleurs de toute espèce répondent à des visions de toute espèce, des sons divers aux diverses affections de l’ouïe, et les autres choses sensibles aux autres sensations. Conçois-tu, Théétète, le rapport de ce discours avec ce qui précède ?

THÉÉTÈTE.

Pas trop, Socrate.