Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/494

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laboureurs en ce qui concerne les plantes. Car, selon moi, les laboureurs, lorsque les plantes sont malades, au lieu de sensations mauvaises leur en procurent de bonnes, de salutaires et de vraies ; et les orateurs sages et vertueux font que pour les cités les bonnes choses soient justes à la place des mauvaises. En effet, ce qui paraît juste et honnête à chaque cité, est tel pour elle tandis qu’elle en porte ce jugement ; et le sage fait que le bien soit et paraisse tel à chaque citoyen au lieu du mal. Par la même raison, le sophiste capable de former ainsi ses élèves est sage, et mérite de leur part un grand salaire. C’est ainsi que les uns sont plus sages que les autres, et que néanmoins personne n’a d’opinions fausses, et bon gré, malgré, il faut que tu reconnaisses que tu es la mesure de toutes choses ; car tout ce qui vient d’être dit suppose ce principe. Si tu as quelque chose à lui opposer, fais-le en réfutant mon discours par un autre ; ou si tu aimes mieux interroger, à la bonne heure, interroge : car je ne dis pas qu’il faille rejeter cette méthode ; au contraire, l’homme de bon sens doit la préférer à toute autre ; mais uses-en de la manière suivante : ne cherche point à tromper en interrogeant. Il y aurait une grande contradiction à te porter pour amateur de la vertu, et à te conduire toujours injustement dans