Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/572

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naissance et de la sensation : vrai, lorsqu’il applique et imprime à chaque objet directement les marques qui lui sont propres ; faux, lorsqu’il les applique de côté et obliquement.

THÉÉTÈTE.

Cela est-il bien certain, Socrate ?

SOCRATE.

Tu en conviendras encore davantage, après avoir entendu ce qui suit. Car il est beau de juger vrai, et honteux de juger faux.

THÉÉTÈTE.

Sans doute.

SOCRATE.

Voici, dit-on, quelle en est la cause. Quand la cire qu’on a dans l’âme est profonde, en grande quantité, bien unie et bien préparée, les objets qui entrent par les sens et se gravent dans ce cœur de l’âme, comme l’a appelé Homère, désignant ainsi d’une manière cachée sa ressemblance avec la cire[1], y laissent des traces distinctes, d’une profondeur suffisante, et qui se conservent long-temps ; et alors on a l’avantage, en premier lieu, d’apprendre aisément,

  1. Jeu de mots intraduisible. Κέαρ, et par contraction ϰῆρ, cœur, a quelque affinité avec ϰήρος, cire.