Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/621

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SOCRATE.

Ainsi je n’avais dans l’esprit que des qualités communes, qui ne sont pas plus les tiennes que celles de tout autre homme.

THÉÉTÈTE.

Nécessairement.

SOCRATE.

Au nom de Jupiter, dis-moi comment en ce cas tu étais l’objet de mon jugement plutôt que tout autre ? Suppose en effet que je me représente Théétète sous l’image d’un homme qui a un nez, des yeux, une bouche, et ainsi des autres parties du corps : cette image fera-t-elle que je pense plutôt à Théétète qu’à Théodore, et, comme l’on dit, au dernier des Mysiens ?

THÉÉTÈTE.

Non, vraiment.

SOCRATE.

Si je ne me figure pas seulement un homme avec un nez et des yeux, [209c] et que je me représente de plus ce nez camus et ces yeux sortant de la tête, sera-ce ton image que j’aurai dans l’esprit plutôt que la mienne, et celle de tous ceux qui nous ressemblent en cela ?

THÉÉTÈTE.

Nullement.