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PHILÈBE.

PROTARQUE.

Explique-toi plus clairement.

SOCRATE.

Je parle du discours qui s’est jeté par hasard dans notre entretien, et qui est d’une nature tout-à-fait extraordinaire. C’est en effet une chose étrange à dire, que plusieurs sont un, et qu’un est plusieurs ; et il est aisé d’embarrasser quiconque soutient en cela le pour et le contre.

PROTARQUE.

As-tu ici en vue ce qu’on dit, que moi Protarque, par exemple, je suis un par nature, et ensuite qu’il y a plusieurs moi contraires les uns aux autres, tout à-la-fois grands et petits, pesans et légers et mille autres choses semblables ?

SOCRATE.

Tu viens de dire, Protarque, sur un et plusieurs, une de ces merveilles qui sont connues de tout le monde ; et on est d’accord aujourd’hui qu’il ne faut point toucher à de semblables questions, que l’on regarde comme puériles, triviales, et n’étant bonnes qu’à arrêter dans les discussions. On ne veut pas même qu’on s’amuse aux questions suivantes : lorsque quelqu’un, ayant séparé par le discours tous les membres et toutes les parties d’une chose, et avoué que