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PHILÈBE.

de tout ce qui est un et plusieurs ; oui, lorsque tu as compris tout cela, c’est alors que tu es savant ; et quand, en suivant la même méthode, tu es parvenu à comprendre quelque autre chose que ce soit, tu as acquis l’intelligence de cette chose. Mais, perdu dans l’infini, tout échappe à la connaissance ; et, pour n’avoir fait le compte précis d’aucune chose, tu n’es toi-même compté pour rien[1].

PROTARQUE.

Il me paraît, Philèbe, que ce que vient de dire Socrate est parfaitement bien dit.

PHILÈBE.

Je pense de même : mais que nous fait ce discours, et où en veut-il venir ?

SOCRATE.

Philèbe nous a fait cette question fort à propos, Protarque.

  1. Mot à mot : Mais l’infinité (τὸ ἄπειρον (to apeiron)) des individus et la multitude qui se trouve en eux est cause que tu es d’ordinaire dépourvu d’intelligence (ἄπειρος (apeiros)), et que tu ne mérites qu’on fasse de toi ni estime ni compte (ἐνάριθμον (enarithmon)), comme ne regardant à aucun compte (εἰς οὐδενὰ ἄριθμον (eis oudena arithmon)), à aucun nombre déterminé dans aucune chose. Le même jeu de mots sur ἄπειρος (apeiros) se trouve dans le Timée.