Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/820

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dans toute autre chose, si ce n’est dans l’âme seule, le plaisir fût le seul bien de cette âme, et que la force, la tempérance, l’intelligence, et tous les autres biens que l’âme a reçus en partage, ne fussent comptés pour rien ? et encore qu’on fût réduit à avouer que quiconque ne goûte point de plaisir et ressent de la douleur est méchant pendant tout le temps qu’il souffre, fût-ce d’ailleurs l’homme le plus vertueux ; qu’au contraire, dès qu’on goûte du plaisir, on est vertueux par cette raison-là même, et d’autant plus vertueux que le plaisir est plus grand ?

PROTARQUE.

Tout cela, Socrate est de la dernière absurdité.

SOCRATE.

Qu’on ne puisse pas nous reprocher qu’après avoir examiné le plaisir avec la plus grande rigueur, nous avons l’air d’épargner l’intelligence et la science. Frappons-les hardiment de tous côtés, pour voir si elles ont quelque endroit faible, jusqu’à ce qu’ayant découvert ce qu’il y a de plus pur dans leur nature, nous nous servions, dans le jugement que nous devons porter en commun, de ce que l’intelligence d’une part, et le plaisir de l’autre, ont de plus vrai.