Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/93

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Socrate.

Mélitus, au nom de ces mêmes dieux dont il s’agit maintenant, explique-toi d’une manière un [26c] peu plus claire, et pour moi et pour ces juges ; car je ne comprends pas si tu m’accuses d’enseigner qu’il y a bien des dieux (et dans ce cas, si je crois qu’il y a des dieux, je ne suis donc pas entièrement athée, et ce n’est pas là en quoi je suis coupable), mais des dieux qui ne sont pas ceux de l’état : est-ce là de quoi tu m’accuses ? ou bien m’accuses-tu de n’admettre aucun dieu, et d’enseigner aux autres à n’en reconnaître aucun ?

Mélitus.

[26d] Je t’accuse de ne reconnaître aucun dieu.

Socrate.

Ô merveilleux Mélitus ! pourquoi dis-tu cela ? Quoi ! je ne crois pas, comme les autres hommes, que le soleil et la lune sont des dieux ?

Mélitus.

Non, par Jupiter, Athéniens, il ne le croit pas ; car il dit que le soleil est une pierre, et la lune une terre.

Socrate.

Tu crois accuser Anaxagore[1], mon cher Mé-

  1. Anaxagore de Clazomène, élève d’Anaximènes, prétendait que le soleil n’est qu’une masse de fer ou de pierre embrasées, et que la lune est une terre comme celle que nous habitons (DIOG. LAERCE, liv. II, chap. 8, avec les remarques de Ménage).