Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/1003

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sa perfection, qu’on peut se flatter d’avoir fait tout ce qu’il y a à faire ; jusque là l’entreprise doit passer pour imparfaite.

CLINIAS.

Étranger, rien n’est plus vrai ; mais explique-nous plus clairement à quel dessein tu parles de la sorte.

L’ATHÉNIEN.

Mon cher Clinias, entre beaucoup de choses de l’antiquité qu’on loue avec raison, j’admire surtout les noms qui ont été donnés aux Parques.

CLINIAS.

Quels sont-ils ?

L’ATHÉNIEN.

On appelle la première Lachésis, la seconde Clotho, et la troisième Atropos, qui met la dernière main au travail attribué à ses deux sœurs, nom pris de l’idée des choses tordues au feu, qui leur a donné la vertu de ne pouvoir se détordre. De même en tout État et en tout gouvernement il faut ne point se borner à procurer aux corps la santé et la sûreté, mais il faut inspirer aux âmes l’amour des lois et faire en sorte que les lois subsistent toujours ; or, il me paraît que ce qui manqua à nos lois, c’est le moyen de leur donner la vertu de ne pouvoir jamais être détournées en un sens contraire.