Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/253

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possédant ce que le vulgaire appelle des biens, n’y joindra pas la possession et la pratique de la justice. [661a] S’il est juste, qu’il brûle d’en venir aux mains avec l’ennemi ; mais s’il est injuste, aux dieux ne plaise qu’il ose regarder en face la mort sanglante, ni qu’il devance à la course Borée de Thrace[1], ni qu’il jouisse d’aucun des avantages que l’on regarde ordinairement comme de vrais biens, car les hommes se trompent dans l’idée qu’ils s’en forment. Le premier des biens, disent-ils, est la santé ; le second, la beauté ; le troisième, la vigueur ; le quatrième, la richesse : ils en comptent encore beaucoup d’autres, comme d’avoir la vue, l’ouïe et [661b] les autres sens en bon état ; de pouvoir faire tout ce qu’on veut en qualité de tyran ; enfin le comble du bonheur, selon eux, ce serait de devenir immortel au même instant qu’on aurait acquis tous les biens dont je viens de parler. Disons-nous au contraire, vous et moi, que la jouissance de ces biens est avantageuse à ceux qui sont justes et pieux, mais qu’ils se tournent en véritables maux pour les méchants, à commencer par la santé ; qu’il en est de même de la vue, [661c] de l’ouïe, des autres sens, en un mot,

  1. Vers de Tyrtée.