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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/256

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[662b] L’ATHÉNIEN.

Comment ? Si quelque dieu veut bien nous mettre d’accord ; car pour le présent nous ne le sommes guère. Quant à moi, mon cher Clinias, la chose me paraît si évidente, qu’il m’est moins évident que la Crète est une île ; et si j’étais législateur, je ne négligerais rien pour forcer les poètes et tous mes citoyens à tenir les mêmes discours ; je n’aurais point de châtiments assez grands pour punir quiconque oserait dire qu’il y a des méchants [662c] qui vivent heureux, et que l’utile est une chose, et le juste une autre ; et il y a encore bien d’autres points sur lesquels j’inspirerais à mes citoyens des sentiments bien éloignés, à ce qu’il me semble, de ceux des Crétois, des Lacédémoniens et du reste des hommes. Permettez-moi, ô les meilleurs des hommes, au nom de Jupiter et d’Apollon, de consulter ici ces mêmes dieux qui sont vos législateurs, et de leur demander [662d] si la vie la plus juste n’est pas aussi la plus heureuse, ou s’il y a deux sortes de vie, dont l’une ait le plaisir, et l’autre la justice en partage. S’ils nous répondent qu’il y a deux sortes de vie, nous leur demanderons de nouveau, pour procéder en règle, laquelle des deux est plus heureuse que l’autre, la vie juste ou celle du plaisir : s’ils nous disent que c’est celle