Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/373

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Quelquefois aussi tous les habitants d’une ville, accablés dans une guerre par des forces supérieures, ont pris le parti de s’exiler de leur patrie. [708c] Dans tous ces cas, il est en partie plus aisé, en partie plus difficile de fonder une colonie et de lui donner des lois. D’un côté, comme les habitants sont de la même race, qu’ils parlent tous la même langue, qu’ils ont vécu sous les mêmes lois, qu’ils ont le même culte et s’accordent sur beaucoup d’autres objets de cette nature, tout cela forme entre eux une espèce d’union. D’un autre côté, ils ont peine à se soumettre à des lois et à un gouvernement différent de celui de leur patrie. Le fondateur [708d] et le législateur d’une colonie éprouve beaucoup d’obstacle et de résistance de la part de ceux qui, par la mauvaise constitution de leur gouvernement, ayant été les victimes d’une sédition, cherchent encore à se rengager par habitude sous les mêmes lois qui ont été la cause de leur malheur. Par la raison contraire, une multitude confuse, rassemblée de diverses contrées, sera plus disposée à recevoir de nouvelles lois ; mais lorsqu’il s’agira de les réunir tous dans les mêmes vues, et de diriger vers le même but tous leurs efforts, comme ceux d’un attelage, ce ne sera pas une chose facile ni l’ouvrage d’un jour. Cependant la lé-