Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/419

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ses enfans, pour leur laisser après soi un riche héritage : ce n’est ni leur avantage ni celui de l’État. Une fortune médiocre qui n’expose pas leur jeunesse à la flatterie, sans les laisser manquer du nécessaire, est ce qu’il y a de meilleur et de plus convenable ; car l’accord et l’harmonie qu’elle met dans toute la vie en bannissent le chagrin. Ce n’est point des monceaux d’or, mais un grand fond de pudeur qu’il faut laisser à ses enfans. On croit leur inspirer cette vertu en les reprenant lorsqu’ils la blessent dans leur conduite ; mais cet avis qu’on leur donne aujourd’hui, que la modestie sied bien à un jeune homme en toutes rencontres, n’est pas ce qu’il y a de plus efficace. Le sage législateur s’y prendra tout autrement : il exhortera ceux qui sont arrivés à l’âge mûr à respecter les jeunes gens, et à être continuellement sur leurs gardes pour ne rien dire et ne rien faire d’indécent en leur présence, parce que c’est une nécessité que la jeunesse apprenne à ne rougir de rien lorsque la vieillesse lui en donne l’exemple. La véritable éducation et de la jeunesse et de tous les âges de la vie ne consiste point à reprendre, mais à faire constamment ce qu’on dirait aux autres en les reprenant. Celui qui honore et respecte sa parenté et tous ceux qui,