Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/442

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est véritablement commun entre amis. Quelque part donc qu’il arrive, ou qu’il doive arriver un jour, que les femmes soient communes, les enfans communs, les biens de toute espèce communs, et qu’on apporte tous les soins imaginables pour retrancher du commerce de la vie jusqu’au nom même de propriété, de sorte que les choses mêmes que la nature a données en propre à chaque homme, deviennent en quelque sorte communes à tous, autant qu’il se pourra, comme les yeux, les oreilles, les mains, et que tous les citoyens s’imaginent qu’ils voient, qu’ils entendent, qu’ils agissent en commun, que tous approuvent et blâment de concert les mêmes choses, que leurs joies et leurs peines roulent sur les mêmes objets : en un mot partout où les lois viseront de tout leur pouvoir à rendre l’État parfaitement un, on peut assurer que là est le comble de la vertu politique ; et personne ne pourrait à cet égard leur donner une direction ni meilleure ni plus juste. Un tel État, qu’il ait pour habitans des dieux ou des enfans des dieux, qui soient plus d’un seul, est l’asile d’un parfait contentement. C’est pourquoi il ne faut point chercher ailleurs le modèle d’un gouvernement ; mais on doit s’attacher à celui-ci, et en approcher le plus qu’il se pourra. L’État que nous