Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/449

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et à celui qui l’épouse d’en recevoir[1]. Il ne l'est pas moins de mettre de l’argent en dépôt comme une assurance de sa foi, ou de prêter à usure ; dans ce dernier cas, nous autorisons l’emprunteur à ne rendre ni l’intérêt ni le capital. Pour bien juger de la sagesse de ces institutions, il faut remonter jusqu’au principe et à l’intention du législateur. Or l’intention d’un sage politique n’est pas celle que diraient la plupart, qui prétendent qu’un bon législateur, zélé pour le bien de la cité qu’il police, doit vouloir la rendre aussi riche qu’elle peut l’être, la faire regorger d’or et d’argent, et étendre sa domination par mer et par terre le plus loin qu’il est possible ; et ils ne laisseraient pas d’ajouter que si c’est un vrai législateur il doit avoir en vue de la rendre aussi très-vertueuse et très-heureuse. Il y a ici des choses possibles et d’autres impossibles. Le législateur se bornera à ce qui est possible, et n’aura garde de vouloir ce qui ne l’est pas, ni d’essayer une entreprise inutile. Ainsi le bonheur se rencontrant nécessairement avec la vertu, il pourra vouloir que ses citoyens soient à la fois heureux et vertueux : mais il est impossible qu’ils soient

  1. C’était, au rapport d’Élien, VI, 6, une loi chez les Lacédémoniens de ne donner aucune dot aux filles.