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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/566

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que l’anarchie est un pêle-mêle de toutes les formes de gouvernement, et qu’en cet état la société passe par tous les accidents possibles. Nul critique ne s’est arrêté à cette difficulté.

Quant au passage d’Homère, il est évident que Platon participe et abuse même ici de la manie générale des Grecs, de trouver tout dans leur vieux poète, manie que plus tard les néoplatoniciens, égarés par leur profondeur même, ont systématiquement poussée jusqu’à l’extravagance. J’accorde que Platon ait pu voir l’état sauvage primitif dans les Cyclopes d’Homère ; mais en vérité, dans le passage sur Dardanie, il est impossible de trouver aucune allusion directe ou indirecte aux différentes formes de gouvernement et aux divers degrés de civilisation que traverse la société. Si pourtant on voulait forcer le sens et les expressions de ce passage, on pourrait dire que le premier degré, le premier gouvernement, est dans le vers que Platon omet : Jupiter engendra d’abord (πρῶτον) Dardanus. Le second gouvernement serait exprimé par le second vers : Dardanus fonda Dardanie, κτίσσε δὲ… Le δὲ opposé à πρῶτον marquerait le passage du premier gouvernement au second, et le troisième serait indiqué par : ἐπεὶ οὔπω Ἴλιος ἱρὴ. Ἐν πεδίῳ πεπόλιστο, πόλις μερόπων ἀνθρώπων. Le règne de Jupiter serait le gouvernement patriarcal et divin, comme l’appelle Vico ; celui de Dardanus, fils de Ju-