Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/962

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suation que le vol et la rapine n’ont rien de honteux, et qu’il ne fait en cela que ce que font les dieux mêmes ; car cela n’est ni vrai ni vraisemblable, et quiconque se porte à de telles injustices n’est ni dieu ni enfant des dieux. Le législateur doit naturellement savoir mieux ce qui en est que tous les poètes ensemble. Celui qui ajoute foi à ce discours est heureux, et nous souhaitons qu’il le soit toujours. Mais que celui qui refuse de le croire, ait affaire après cela à la loi suivante : Quiconque aura détourné, soit une grande, soit une petite partie des deniers publics, doit être puni d’une peine égale ; car la petitesse de la somme prouve dans celui qui la dérobe, non moins d’avidité, mais moins de pouvoir ; et celui qui prend la meilleure partie d’un argent qui ne lui appartient pas, est aussi coupable que s’il avait pris le tout. Ce n’est donc point à la grandeur du vol que la loi veut qu’on ait égard en punissant l’un moins ‘que l’autre, mais à ce que l’un est peut-être encore susceptible de guérison, au lieu que l’autre est désespéré. Ainsi tout étranger ou tout esclave qui sera convaincu en justice d’avoir touché aux deniers publics, sera puni dans sa personne ou dans ses biens comme un homme qui probablement peut encore s’amender. Au contraire, tout citoyen convaincu d’avoir volé sa patrie par des