Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/980

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veautés que ces rapports avec des étrangers font naître nécessairement : ce qui est le plus grand mal que puissent éprouver les États policés par de sages lois. Comme la plupart de ceux d’aujourd’hui n’ont que de mauvais gouvernemens, ce mélange d’étrangers qu’ils reçoivent chez eux ne leur importe en rien, non plus que la liberté avec laquelle leurs citoyens vont vivre en d’autres cités, lorsqu’il leur prend fantaisie de voyager en quelque pays et en quelque temps que ce soit, soit dans la jeunesse, soit dans un âge plus avancé. D’un autre côté refuser aux étrangers l’entrée dans notre État, et à nos citoyens la permission de voyager chez les autres peuples, c’est une chose qui ne se peut faire absolument, et qui de plus paraîtrait inhumaine et barbare aux autres hommes : ils nous appliqueraient probablement le reproche de chasser de chez nous les étrangers[1], et d’avoir des mœurs rudes et sauvages. Or, il faut se garder de tenir pour peu de chose de passer ou de ne passer pas pour gens de bien auprès des autres peuples. Car les hommes méchans et vicieux ne se trompent pas autant dans le jugement qu’ils portent de la

  1. Le Xénélasie. Ceci regarde les Lacédémoniens qui ne voyageaient point et ne souffraient point chez eux les Étrangers. Plutarque, Vie de Lycurgue. Manso, Sparta, t. I, p. I, p. 159.