Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/112

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grand risque d'être, depuis long-temps, sans m'en être aperçu, dans le plus mauvais état.

SOCRATE.

Ne perds pas courage, Alcibiade : si tu ne sentais ton état [127e] qu'à l'âge de cinquante ans, il te serait difficile d'y apporter du remède ; mais à l'âge où tu es, voilà justement le temps de le sentir.

ALCIBIADE.

Mais quand on le sent, que faut-il faire ?

SOCRATE.

Répondre à quelques questions, Alcibiade. Si tu le fais, j'espère qu'avec le secours de Dieu, toi et moi, nous deviendrons meilleurs, au moins s'il faut ajouter foi à ma prophétie.

ALCIBIADE.

Cela ne peut manquer, s'il ne tient qu'à répondre.

SOCRATE.

Voyons donc. Qu'est-ce qu'avoir soin de soi, de peur qu'il ne nous arrive souvent, [128a] sans que nous nous en apercevions, d'avoir soin de toute autre chose que de nous, quand nous croyons en avoir soin ? Quand un homme a-t-il réellement soin de lui ? Quand il a soin des choses qui sont à lui, a-t-il soin de lui-même ?

ALCIBIADE.

Il me le semble.