Tu vois donc qu’en certains cas, l’ignorance est un bien, et non pas un mal, comme tu le pensais tout à l’heure.
Je commence à le voir.
Bien plus, si tu veux prendre la peine d’examiner ce que je vais te dire, tout absurde que cela soit en apparence, peut-être conviendras-tu qu’il en est ainsi.
Qu’est-ce donc, Socrate ?
C’est que, à vrai dire, il peut se faire que toutes les sciences, sans la science de ce qui est bien, soient rarement utiles à ceux qui les possèdent, et que le plus souvent elles leur soient pernicieuses. Suis-moi, je te prie : lorsque nous allons dire ou faire quelque chose, ne faut-il pas, de toute nécessité, ou que nous sachions véritablement [144e] ce que nous allons faire ou dire, ou que nous croyions au moins le savoir ?
Sans doute.