Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SOCRATE.

Mais, Alcibiade, au nom de Jupiter, penses-y ; car tu vois combien il y a ici d'incertitude, et il me semble que tu en as ta bonne part ; poussé tantôt à droite, tantôt à gauche, tu ne sais où te fixer ; ce que tu approuvais le plus, [148a] tu le condamnes, et ne peux rester dans le même sentiment. Encore une fois, si le Dieu que tu vas prier, l'apparaissant tout d'un coup, te demandait, avant que tu eusses commencé ta prière, si tu te contenterais de quelqu'une des choses dont nous avons parlé au début de cet entretien, ou plutôt supposons qu'il te permît de lui demander ce que tu voudrais, lequel croirais-tu le plus sûr, ou de recevoir ce qu'il te donnerait lui-même, ou d'obtenir ce que tu lui aurais demandé ?

ALCIBIADE.

Je te jure, Socrate, par tous les dieux, que je ne sais que te répondre ; car il me paraît qu'il n'y a rien de plus fou, [148b] ni qu'il faille éviter avec plus de soin, que de hasarder de demander aux dieux de véritables maux, en pensant leur demander de véritables biens, pour chanter la palinodie un moment après, comme tu disais, et faire des vœux tout contraires aux premiers.