Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/183

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« les sacrifices des Grecs. » Il n’en dit pas davantage. Par ces bénédictions des Lacédémoniens, il n’entendait parler, à mon avis, que de leur manière de prier, qui, en effet, diffère [149c] beaucoup de celle des autres peuples. Car tous les autres Grecs, soit en offrant aux dieux des taureaux aux cornes dorées, soit en leur consacrant de riches offrandes, demandent dans leurs prières tout ce que leur suggèrent leurs passions, sans s’informer si ce sont des biens ou des maux. Mais les dieux, qui entendent leurs blasphèmes, n’agréent point leurs processions magnifiques, leurs sacrifices somptueux. C’est pourquoi il faut, selon moi, beaucoup de précaution et d’attention pour savoir ce qu’on doit dire ou ne pas dire. Vous trouverez dans Homère des exemples semblables aux précédens ; [149d] les Troyens, dit-il, en bâtissant un fort,


Offraient aux immortels des hécatombes parfaites.
Les vents portaient de la terre au ciel une odeur
Agréable ; et cependant les dieux refusèrent de la goûter,
Parce qu’ils avaient de l’aversion pour la ville sacrée de Troie,
[149e] Pour Priam, et pour son peuple[1].

  1. Ces vers se rapportent au vers 648 du liv. VIII de l’Iliade. Ils ne sont pas dans les éditions. Voyez l’Homère d’Erneati, page 371.