Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/211

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boisson. On l'appelle boisson, parce qu'elle est pour notre corps un aliment liquide, [231a] bon ou mauvais. Il en sera de même des autres objets ; efforce-toi donc de m'imiter en me répondant. Tu appelles gain celui qui peut être bon, comme celui qui peut être mauvais. Que vois-tu de commun dans ce gain bon et mauvais, qui te fait donner à tous deux le nom de gain ? Si tu ne sais que me répondre, fais attention à ce que je vais te dire. N'appelleras-tu pas gain la possession que l'on acquiert quand, en ne dépensant rien du tout, ou en dépensant peu de chose, on reçoit davantage ?

[231b] L'ANONYME.

C'est bien là, ce me semble, ce que j'appelle un gain.

SOCRATE.

Diras-tu donc que celui qui, sans avoir rien dépensé, a fait un excellent repas, et a gagné une maladie, a fait un gain ?

L'ANONYME.

Non, je le jure.

SOCRATE.

Mais celui qui, par ses repas, s'est acquis une bonne santé, a-t-il fait un gain ou une perte ?