Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/268

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honoré que toi dans toute la république : et ni toi ni ton fils, vous ne voyez en moi aucun de ces avantages. Que si Théagès méprise nos politiques, et en cherche d'autres qui se donnent pour capables d'élever la jeunesse, il y a ici Prodicus de Céos, Gorgias [128a] de Léontium, Polus d'Agrigente, et plusieurs autres de la plus haute capacité. Ils parcourent la Grèce de ville en ville, attirent les jeunes gens des maisons les plus nobles et les plus riches, qui pourraient s'instruire pour rien auprès de tel de leur concitoyen qu'il leur plairait de choisir ; et ils leur persuadent[1] de renoncer au commerce de leurs concitoyens et de s'attacher à eux, bien qu'il faille leur payer de grosses sommes et leur avoir encore beaucoup d'obligation. Voilà les gens que vous devriez choisir, toi et ton fils, au lieu de penser à moi ; [128b] car je ne sais aucune de ces belles et bienheureuses sciences, fort à regret assurément, mais j'ai toujours avoué que je ne sais, à vrai dire, rien , qu'une petite science, l'amour[2]. Mais dans cette science, j'ose me vanter d'être plus profond que tous ceux qui m'ont précédé et que ceux de notre siècle.

  1. Voyez l'Apologie, tome I, page 68.
  2. Voyez le Lysis et le Banquet.