Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sein, et que la voix se fasse entendre, c’est une marque sûre qu’elle n’approuve pas ce dessein et qu’elle l’en détourne. Et je puis vous en citer des témoins. Vous connaissez le beau Charmide[1], fils de Glaucon : [128e] un jour il vint me faire part d’un dessein qu’il avait d’aller disputer le prix de la course aux jeux Néméens. Il n’eut pas plus tôt commencé à me faire cette confidence, que j’entendis la voix. Je l’en détournai donc, en lui disant : Tandis que tu parlais, j’ai entendu la voix divine ; ainsi, ne va point à Némée. Il me répondit : Elle te dit peut-être que je ne serai pas vainqueur ; mais, quand même je ne remporterais pas la victoire, j’aurai toujours gagné à m’être exercé pendant ce temps. A ces mots il me quitta, et s’en alla aux jeux. Vous pouvez savoir de lui-même [129a] ce qui lui arriva, la chose le mérite bien. Vous pouvez demander encore, si vous le voulez, à Clitomaque, frère de Timarque[2], ce que lui dit Timarque lorsqu’il allait mourir pour avoir méprisé l’avertissement fatal, lui et Evathlus le coureur, qui lui offrit un asile dans sa fuite ; il

  1. Voyez le Charmide.
  2. Je n’ai trouvé nulle part aucun vestige de cette histoire. Il y a un Timarque dans le traité de Plutarque, sur le génie de Socrate.