Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/272

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prédictions passées, pour lesquelles je vous renvoie à ceux qui les connaissent, on peut à présent faire une épreuve du signal ordinaire et voir s’il dit vrai. Lorsque le beau Sannion partit pour l’armée, j’entendis la voix ; maintenant qu’il marche avec Thrasylle contre Éphèse et l’Ionie, je suis persuadé qu’il y mourra, ou qu’il lui arrivera quelque malheur, et je crains beaucoup pour le succès de toute l’entreprise[1]. [129e] Je te dis tout cela pour te faire comprendre que la puissance du génie s’étend jusque sur les rapports que l’on veut contracter avec moi ; il y a des gens qu’il repousse, et ceux-là ne sauraient jamais tirer de moi aucune utilité ; je ne puis même avoir avec eux aucun commerce. Il y en a d’autres qu’il ne m’empêche pas de voir, mais sans qu’ils en soient plus avancés. Ceux qu’il favorise, font, il est vrai, comme tu le dis, de grands progrès en très peu de temps ; [130a] dans les uns, ces progrès sont fermes et permanents ; pour le reste, et c’est le grand nombre, tant qu’ils sont avec moi, ils profitent d’une manière surprenante ; mais ils ne m’ont pas plus tôt quitté qu’ils retournent à leur premier état, et ne diffèrent en rien du commun

  1. En effet, les Athéniens furent battus el repoussés à Éphèse. (XÉNOPH. liv. I.)