Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/295

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aux autres et à lui-même, la nature l’a fait poète.

C’est un avantage, mon cher Critias, qui vous appartient déjà d’ancienne date, par votre parenté avec Solon. Mais ne pourrais-tu appeler ce jeune homme, et me le présenter ? Fût-il même plus jeune, il ne serait pas inconvenant à lui de se mêler à nos entretiens devant toi, son tuteur et son cousin.

À merveille, reprit Critias, je vais l’appeler à l’instant ; et [155b] s’adressant à l’esclave qui l’accompagnait : Appelle Charmide, et dis-lui que je veux le faire parler à un médecin pour le mal dont il se plaignait à moi dernièrement. Puis se tournant vers moi, il me dit : Il y a quelque temps qu’il se sentait la tête lourde, le matin en se levant. Qui empêche que tu te donnes à lui pour connaître un remède contre les maux de tête ?

Rien, lui dis-je, pourvu qu’il vienne.

Il viendra, reprit Critias.

Ce qui eut lieu en effet ; Charmide s’approcha, et causa une scène assez [155c] plaisante : chacun de nous qui étions assis poussa son voisin, en se serrant pour faire de la place, afin que Charmide vînt s’asseoir à ses côtés, si bien que des deux qui occupaient les extrémités du banc, l’un fut obligé de se lever, et l’autre tomba par terre. Lui s’assit entre Critias et moi. Dès ce