Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/311

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crois donc, Charmide, parce que tu ne sais pas ce qu’a dû penser celui qui a dit que la sagesse consiste à faire ce qui nous est propre, tu crois qu’il ne le savait pas lui-même ?

Mon cher Critias, repris-je, il ne faut [162e] pas s’étonner que lui, si jeune encore, ne le sache pas, mais on doit s’attendre que tu le sauras, toi qui es plus âgé et depuis long-temps livré à ces études. Si donc tu conviens que la sagesse est ce qu’il disait, et que tu veuilles prendre cette proposition pour ton compte, j’aime encore bien mieux avoir à examiner avec toi si elle est vraie ou non.

Sans doute, reprit-il, j’en conviens et me charge de le prouver.

Très bien. Et, dis-moi, accordes-tu aussi ce que je demandais tout-à-l’heure, que les ouvriers travaillent à quelque chose ?

Certainement.

[163a] Penses-tu donc qu’ils ne travaillent qu’à ce qui leur est propre, ou qu’ils travaillent aussi à ce qui est propre à d’autres ?

Ils y travaillent aussi.

On peut donc être sage, et ne pas travailler seulement à ce qui nous est propre.

Et qu’est-ce que cela fait ? dit-il.

Rien à moi, mais vois si cela ne fait rien non plus à celui qui d’abord prétendait qu’être