Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/320

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Critias [166e] ou de Socrate, et ne t’occupe que de savoir comment nous mettrons fin à nos recherches.

Soit, reprit-il, j’y consens ; car ce que tu me proposes me semble raisonnable.

Dis-moi donc, repris-je, ce que tu entends au juste par la sagesse ?

Je pense, dit-il, que, seule entre toutes les sciences, la sagesse est la science d’elle-même et des autres sciences.

Mais si elle est la science de la science, ne le sera-t-elle pas aussi de l’ignorance ?

Assurément.

[167a] En ce cas, le sage sera seul capable de se connaître lui-même, de juger ce qu’il sait réellement et ce qu’il ne sait pas, ainsi que de reconnaître dans les autres ce qu’ils savent et croient savoir, comme ce qu’ils croient savoir et ne savent pas ; tandis qu’aucun autre n’en sera capable. En un mot, la sagesse, être sage, et se connaître soi-même, c’est savoir ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas. Est-ce bien là ta pensée ?

Parfaitement.

Encore une fois donc, et c’est la troisième fois, afin de compléter le bon nombre[1], com-

  1. Le nombre trois était un nombre divin, et consacré à Jupiter Σωτὴρ, libérateur. Voyez le Philèbe.