Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/326

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ainsi que de l’ignorance, prouve-moi d’abord que [169c] cela soit possible, et ensuite que ce soit utile : peut-être ne m’en faudra-t-il pas davantage pour me convaincre que tu as bien défini la sagesse.

Alors Critias, qui me vit embarrassé, me parut comme ces gens qui, en voyant bâiller d’autres devant eux, ne peuvent s’empêcher d’en faire autant ; mon incertitude semblait l’avoir gagné. Accoutumé à ne recevoir que des éloges, il était tout honteux devant les assistans, et n’avait guère envie d’avouer qu’il était incapable de donner les preuves qu’on lui [169d] demandait ; il ne disait rien de positif et ne songeait qu’à celer son embarras. Cependant pour ne pas en rester là, je lui dis :

Eh bien ! Critias, si tu le veux, nous allons supposer pour l’instant qu’il peut y avoir une science de la science, sauf à chercher une autre fois si réellement il en est ainsi. Viens donc, et dis-moi, s’il se peut, comment il devient par là plus facile de savoir ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas ? Car n’avons-nous pas dit que c’est là se connaître soi-même et être sage ? n’est-il pas vrai ?

Sans doute, et c’est une conséquence naturelle ; car [169e] celui qui possède la science qui se sait elle-même, doit être comme ce qu’il possède. Il sera vif s’il a la vivacité, beau s’il a